De l’ombre à la lumière…

Si vous suivez régulièrement mes aventures photo-naturalistes, vous savez que début mai de l’année 2018, j’ai réalisé un vieux rêve : celui de la rencontre, pendant plusieurs minutes, de jeunes renards près de leur terrier, dans une ambiance forestière que j’aime à qualifier d’enchantée, tant mon émotion ce jour-là était immense… mais aussi, parce que les renardeaux n’étaient pas seuls : une chevrette se mêlait à leurs jeux !

Lire « Avec les renardeaux de la forêt enchantée« 

Cette forêt enchantée, je n’avais qu’une seule envie : y retourner, dès que possible, pour revivre la scène, et me convaincre que tout cela était bien réel…  Je décide donc de m’y rendre, dès le lendemain, à peu près à la même heure. Il fait à nouveau grand soleil, et je gare ma voiture, comme la veille, tout près de l’entrée de la forêt. Je revois à peu près au même endroit la belle perdrix rouge déjà photographiée, mais cette fois-ci elle s’envole avant même que j’ai le temps d’attraper l’appareil. Quelque chose me dit que ma chance a tourné…

Filet camouflage autour du cou, j’emprunte le chemin herbeux qui grimpe dans la forêt, et j’avance à pas lents et feutrés, attentif à chaque petit mouvement, à chaque bruissement de branche. Mais à peine ai-je fait quelques mètres que je suis surpris par un animal en fuite, visiblement plus malin que moi… Quelques secondes plus tard, je l’entends aboyer, à une cinquantaine de mètres : un brocard ! C’est fichu… toute la forêt est de fait alertée par ma présence !

Inutile d’aller plus loin… je rentre bredouille – c’est le jeu !

Je décide d’y retourner le jour suivant, mais plutôt en fin d’après-midi, afin de goûter à une autre ambiance et de bénéficier d’un éclairage différent. Cette fois-ci, aucun brocard en vue, j’atteins le secteur du terrier sans encombre, et j’installe mon filet de camouflage à une bonne cinquantaine de mètres de l’endroit où j’avais observé les deux jeunes renards et la chevrette, deux jours plus tôt. Une demi-heure passe, trois quarts-d’heure, une heure… Le soleil éclaire toujours le terrier, mais plus pour longtemps. J’attends encore quelques minutes, avec comme seule distraction, le cri si caractéristique du pouillot siffleur, une variété que je n’avais encore jamais observée. Ce jour-là, aucun renard en vue !

L’inquiétude me ronge. Après la magie de la première rencontre, complètement inattendue, mes deux sorties suivantes sont de cuisants échecs. Mais je ne désespère pas : quiconque pratique la photo animalière sait bien qu’il faut énormément de patience et de persévérance avant d’arriver à ses fins ! Je me motive donc à revenir une dernière fois, le lendemain matin. Les conditions sont toujours idéales ; le soleil brille de mille feux, la verdure printanière est partout luxuriante, les chants des oiseaux redoublent d’intensité.
Arrivé à une centaine de mètres du terrier, je scrute aux jumelles quelques minutes, sans rien voir.  C’est alors que je remarque, sur ma gauche, que quelque chose s’active, délicatement. Et là, que vois-je, mais deux oreilles qui dépassent de la végétation : celles d’un renardeau !

Je me baisse aussitôt pour me cacher, mais je le distingue mal. Il est visiblement en train de manger quelque chose. Puis tout à coup, sans aucune raison apparente, il déguerpit plus loin, dans les fougères, et je le perds de vue. Plusieurs minutes passent… Ne le revoyant plus, j’hésite à repartir, pensant que c’est cuit pour aujourd’hui. J’ai réussi à prendre en photo ses oreilles, c’est mieux que rien ! Mais finalement, comme il est encore tôt, je profite de l’absence des renards pour aller encore plus près du terrier, et m’installer derrière deux gros arbres idéalement disposés, me permettant de me cacher assez facilement. J’attends une bonne dizaine de minutes, les yeux rivés sur le terrier… Jusqu’au moment où j’aperçois un renardeau, qui revient tranquillement de derrière les fougères ! Pour mon plus grand bonheur, il s’avance dans ma direction, en faisant des petites pauses pour se lécher, se gratter.

Tout à coup il s’arrête, et semble me regarder ;  j’ai peur de ne pas avoir été assez discret… Mais quelques secondes plus tard, il retourne à ses petites occupations. Ouf ! Comme lors de ma première rencontre, l’arrière-plan est très éclairé, mais lui reste dans l’ombre. Mais c’est une forêt enchantée vous dis-je… A peine ai-je prononcé le vœu de le voir s’avancer dans la lumière, que petit renard s’avance délicatement, dans la lumière !  L’occasion est trop belle pour être ratée, je prends donc un maximum de photos en rafale. Bingo !

Après cette belle émotion, je repose l’appareil pour simplement profiter de l’instant, de mes propres yeux. Le petit renard s’avance encore plus près de moi ! Mais pas aussi près que la première fois. Et jamais, lors de cette nouvelle rencontre, il ne se doutera de ma présence (ou alors il y est complètement indifférent ?). Il est maintenant tout près de l’entrée de son terrier. Je reprends donc l’appareil pour faire quelques dernières photos, avant qu’il n’y entre pour de bon.

Il est 9 heures du matin, ce mardi 8 mai. Petit renard est parti se coucher ! Très content de ma sortie, je repars aussi discrètement que je suis venu. Je regagne la vallée avec le sourire, en me demandant déjà quelle surprise la forêt enchantée, la prochaine fois, me réservera 🙂

Les émotions ça se partage !

3 thoughts on “De l’ombre à la lumière…

  1. Levy Clémence says:

    Magique… ! Ta patience a été récompensée ! Tu n’as pas vu son frère du coup? Peut être était il parti en exploration de son côté ? Ton site est une source d’apaisement quand je suis épuisée de toute la bêtise humaine ! Merci.

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