Concernant le confinement de mars 2020, je vous ai déjà raconté l’histoire des huppes fasciées (lire ici et ici), celle du renard et des prairies fauchées (lire ici), mais il restait encore à vous parler de ma rencontre avec un 3e animal, tout aussi fascinant : le busard Saint Martin !
Les busards sont des oiseaux de proie qui provoquent toujours une belle émotion en moi, depuis que j’ai appris à les identifier via le programme “busards” de la LPO dans l’Eure il y a 3 ans. Une de leurs particularités est qu’ils nichent à même le sol, dans les grands espaces ouverts, en principe dans les tourbières, les roselières, les landes à bruyères, mais aussi… dans les cultures de plaine type blé & colza ! Voilà pourquoi, chaque année, des bénévoles se relaient pour tenter de repérer les nids, d’informer les agriculteurs et éviter ainsi que les nichées se retrouvent broyées par les moissonneuses…
Comme tous les busards, le Saint-Martin a tendance à voler très bas pour repérer ses proies (rongeurs et petits oiseaux, essentiellement), ce qui en fait un sujet de choix pour les photographes animaliers puisqu’il est souvent possible d’avoir des fonds ou premiers-plans plus intéressants et esthétiques qu’un monotone ciel bleu ou gris !
Je savais que ces oiseaux pouvaient fréquenter ce coin très rural du sud des Deux-Sèvres, caractérisée par une alternance de petits bois et de plaines céréalières, et c’est donc avec une immense joie que j’ai pu en observer lors de mes promenades quotidiennes à 1km autour de la maison. En réalité, mes premières photos je les ai faites depuis le fond du jardin, mitoyen avec un vaste champ légèrement vallonné, où poussait du colza. Mais manque de chance, après un court affût de 20 minutes, un busard femelle m’a pris un peu par surprise et je n’ai obtenu que quelques clichés sur ciel gris !
J’aurai plus de chance les jours suivants. Ma promenade quotidienne me faisait prendre un long chemin blanc qui longeait d’immenses parcelles agricoles. L’une de ces parcelles, laissée en repos, n’avait pas encore été labourée, et c’est précisément là que j’ai observé à plusieurs reprises le vol si souple et silencieux de ces rapaces si captivants.
Problème : ces oiseaux ont tendance à bien s’éloigner des humains debout sur leurs deux jambes, mais aussi des véhicules stationnés aux bords des champs. Pas simple, donc d’obtenir de belles photos, sans se cacher. Je me suis donc autorisé de brèves séances d’affût, à des heures stratégiques, afin de mettre toutes les chances de mon côté.
Une tactique qui a vite porté ses fruits ! Fin mars, après une journée de télétravail, j’attends depuis 10 minutes à peine dans ma cachette quand un busard femelle arrive pour chasser sur la « parcelle magique ». Lors de ses premiers passages, elle vole tout de même assez loin de moi, je mets donc ma plus longue focale (300mm + un doubleur) tant que la lumière est suffisante et je mitraille entre les branches en essayant de ne pas me faire repérer.
Puis vient le moment que j’attendais : un vol de chasse en ma direction ! Le ciel est devenu un peu terne, mais je suis bien content des clichés que je parviens à faire de ce magnifique oiseau dont l’envergure des ailes avoisine les 120 cm.
Ce que j’aime beaucoup avec cet oiseau, c’est sa grosse tête qui fait presque chouette ou plutôt hibou (des marais, ou moyen-duc). D’ailleurs, ces rapaces nocturnes ont des habitudes de vol assez similaire (rappelez-vous, ma rencontre avec les moyens-duc normands !).
Le rapace m’offre un superbe spectacle, avec son vol élégant mais imprévisible au-dessus du champ, et même si je ne le verrai pas attraper une proie, j’en prends plein les yeux d’autant que les derniers rayons de soleil parviennent à transpercer les nuages, donnant à la scène une belle lumière rasante et dorée.
Quatre jours plus tard, le même scénario se répètera mais le busard ne fera qu’un seul passage, et la récolte sera bien plus maigre en termes de clichés.
Les semaines suivantes, après ces deux superbes soirées, j’ai observé les busards de façon plus sporadique. Je n’ai presque plus revu aucune femelle, et n’ai eu qu’une seule possibilité pour photographier le busard mâle en plein vol, un jour de grand soleil.
Fait étonnant, contrairement aux buses et aux aigles par exemple, les busards mâle et femelle ne se ressemblent pas du tout. Le mâle est plus petit, les bouts de ses ailes sont d’un noir bien tranché, et le reste de son plumage est à dominance grise et blanche, alors que la femelle se démarque par un dessous blanc beigeâtre rayé de brun.
A la fin du 1er confinement, je suis retourné dans la Drôme, sans savoir si les busards sont parvenus à nicher et élever leurs jeunes. Espérons qu’ils reviendront à la fin de l’hiver 2021 ! Avec ou sans nouveau confinement…
Merci de m’avoir lu jusqu’ici, et je vous dis à bientôt pour une nouvelle histoire illustrée 🙂
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