A l’affût des fauvettes ardéchoises !

Dimanche 7 juin, j’ai fait un saut dans l’inconnu : j’ai osé traverser le Rhône ! Pour un Drômois, vous ne le savez peut-être pas, mais mettre un pied en Ardèche est une expérience quelque peu exotique. J’exagère à peine ! C’est que sur le plan géologique, du moins dans le secteur de Loriol, on quitte la pierre calcaire pour les montagnes de granite, ce qui n’est pas sans incidence sur la faune et la flore, comme j’ai pu vite le découvrir.

Ma destination était la commune de Saint-Cierge-la-Serre, accessible via une petite route tortueuse à 30 minutes en voiture. 30 minutes pour changer de planète, avouez que c’est pas mal !

J’arrive à destination vers 9h du matin,  dans une ambiance humide et brumeuse – ça pialle de partout ! Le chemin de randonnée longe d’abord des prairies, bordées de haies. J’y entends notamment des bruants zizi et des tariers pâtres. Puis très vite, une fauvette grisette, immanquable avec sa bavette blanche. Sympa ! Je n’en avais pas vu depuis la Normandie.

© Oeil Sauvage / Richard Holding

Côté végétation, genêts et digitales sont pleinement en fleurs. Le chemin de randonnée est large et agréable et semble me conduire droit vers les nuages. D’après la météo, le ciel bleu devrait prendre le dessus en fin de matinée. Je marche tranquillement, mon appareil photo prêt à dégainer, dans l’attente qu’un oiseau veuille bien se montrer. Mais voilà qu’un animal inattendu arrive vers moi, 50 m devant : un chevreuil ! Zut, il m’a vu et se sauve, disparaissant de l’autre côté de la butte… j’ai eu le réflexe de faire une rafale, mais ma vitesse était trop lente. Tant pis ! Retour aux oiseaux. Mais attendez ! Le voilà qui réapparaît, plus loin, et il me fixe. Cette fois-ci, j’ai tout mon temps pour lui tirer le portrait.

© Oeil Sauvage / Richard Holding

Ravi de cette entrevue impromptue, je poursuis mon ascension. Il y a de plus en plus d’oiseaux ! Bruants et tariers toujours, mais aussi, me semble-t-il, un petit nouveau. Je l’entends converser, dans les genets, mais je ne vois pas l’ombre d’une plume. Ah si ! Le voilà qui surgit pour aller se poser sur une roche de granite à 10 mètres : c’est une pitchou ! Il est assez loin, mais la photo ne devrait pas être trop mal, me dis-je, car l’oiseau se détache bien du fond. Je rêvais de photographier dans de bonnes conditions cette adorable petite fauvette et son œil cerclé de rouge : me voilà bienheureux !

© Oeil Sauvage / Richard Holding

La chance semble me sourire aujourd’hui, puisque quelques minutes plus tard, j’ai une formidable occasion de tirer le portrait d’un couple de tariers pâtres insoucieux, grâce à un buisson de genets idéalement placé entre moi et les oiseaux. J’ai juste à me décaler légèrement pour pointer l’objectif dans une trouée.

© Oeil Sauvage / Richard Holding

Plus haut, la vue se dégage et je vois les premières touches de bleu dans le ciel.  Mais je reviens vite sur terre, puisque me voilà à nouveau en présence à quelques mètres d’une autre fauvette pitchou, cette fois-ci bien à découvert dans les genets en fleur – quel bonheur !

© Oeil Sauvage / Richard Holding

Je revois ensuite une fauvette grisette, perchée en haut d’un buisson, mais j’ai un peu moins de réussite pour la photographier. Elle semble avoir une nichée en cours.

© Oeil Sauvage / Richard Holding

Cela fait plus de 2 heures que je marche, et la fin (la faim) de matinée commence à se faire sentir.

© Oeil Sauvage / Richard Holding

Le temps est venu de quêter le spot idéal pour pique-niquer, avec panorama et pourquoi pas – rêvons un peu – un spectacle aérien gratuit assuré par une escadrille de faucons, d’aigles et de bondrées apivores. La bonne nouvelle, c’est que je suis tout près du sommet. La mauvaise, c’est qu’en y arrivant le ciel est à nouveau plombé de gris.

© Oeil Sauvage / Richard Holding

Avec une vue imprenable à 180°, je m’assieds dos à un mur de pierres sèches pour tenter de me fondre le plus possible dans le décor.

Le sandwich est à moitié consommé quand soudain,  là-haut dans le ciel, je remarque un rapace qui fait du sur-place. Il est étrangement grand pour un faucon… c’est un circaète Jean-le-Blanc ! Je l’avais oublié mais oui, le circaète est lui aussi capable de faire le vol du Saint-Esprit. Il est là, juste au dessus de moi – quel régal ! Je fais tomber le sandwich et attrape le boîtier pour immortaliser la scène. La lumière est difficile, mais je parviens à faire quelques photos bien sympas, dont une où le rapace semble me regarder droit dans les yeux.

© Oeil Sauvage / Richard Holding

Cette journée ressemble vraiment à un conte de fée pour le photographe animalier que je suis ! Randonner, découvrir un nouveau département et revenir avec une belle collection de clichés, je ne pouvais pas passer meilleur dimanche. Cerise sur le gâteau : à la fin du pique-nique, le ciel est à nouveau bleu !

© Oeil Sauvage / Richard Holding

Et le circaète est à nouveau là, dans une meilleure lumière.

© Oeil Sauvage / Richard Holding

Dans mon sac photo, j’ai pris le 300mm pour la faune, un grand-angle pour le paysage, mais aussi un 60mm macro pour la flore et les insectes. Avec tous ces oiseaux à photographier, je n’ai pas trop laissé de chance au macro. Il me faudra attendre de croiser cette jolie coccinelle avant que je ne me motive à changer d’objectif.

© Oeil Sauvage / Richard Holding

Seule photo faite au macro, je ne l’aurai donc pas pris pour rien 🙂

On est maintenant au milieu de l’après-midi et les ondes de chaleur sont bien trop présentes pour espérer faire d’autres belles photos. Je décide donc de rebrousser chemin. Ma dernière prise sera ce beau papillon : un cuivré.

© Oeil Sauvage / Richard Holding

Merci d’avoir lu jusqu’ici ! En attendant le prochain récit illustré, vous pouvez me suivre sur les réseaux sociaux Facebook et Instagram (@oeilsauvage)

Les émotions ça se partage !

7 thoughts on “A l’affût des fauvettes ardéchoises !

  1. Guy Corteel says:

    Encore une belle aventure, Richard!
    La pitchou, je ne l’ai vue que deux fois: en baie du Mont Saint Michel dans les falaises de Carolles et à Pont de Gau près des Saintes Marie de la mer. Quant aux rapaces, j’avoue mon incompétence, je n’aurais pas su reconnaître le circaète, pourtant un oiseau de légende.
    Merci de m’avoir une nouvelle fois fait rêver.
    A bientôt te lire.
    Guy

  2. Leïla says:

    Ton récit nous a encore offert une jolie escapade à Mathieu et moi : cela nous change des couches et des berceuses ! Merci Richard, gros bisous de loin.

  3. Odile says:

    Toujours un vrai plaisir de lire tes aventures au cœur de la nature, dont tu sais si bien nous partager la beauté et tes émerveillements !! Merci Richard 🙏🏼 !

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