Faon, chevreuil, cerf, chevrillard, daguet, biche, chevrette, brocard… Pas évident de s’y retrouver, au début, quand on s’intéresse aux cervidés de nos bois et forêts ! Et pourtant, seulement deux espèces cohabitent en France : les cerfs et les chevreuils. Aujourd’hui je vais vous parler du plus petit des deux, le chevreuil, et plus précisément des brocards et des chevrettes. La chevrette est le chevreuil femelle, le brocard le mâle. Comme chez leurs grands cousins les cerfs, seuls les mâles possèdent des bois. Les biches sont les femelles des cerfs, et elles sont presque dix fois plus lourdes que les chevrettes ! Et le daguet ? C’est un jeune cerf, dont la ramure est encore peu élaborée. Quant aux faons, ce sont les rejetons des chevreuils mais aussi des cerfs, tandis que les chevrillards sont des faons de chevreuils presque adolescents – vous suivez ? 🙂
Les chevreuils donc. Un sujet particulièrement sympathique pour le photographe débutant, car relativement « facile » à aborder, et pour lequel il n’est pas forcément nécessaire d’avoir une très longue focale. Les chevreuils sont présents à peu près partout dans les campagnes françaises, dans les zones qui alternent bois, champs, prairies et fourrés, et il n’est pas rare de le croiser par surprise, à certaines heures clés, lorsqu’on est au volant de sa voiture, traverser les petites routes de campagne ou gambader dans les cultures.
On peut aussi bien sûr surprendre le chevreuil en se promenant dans les bois, car lui aussi fréquente les sentiers et chemins d’exploitation – mais ne vous attendez pas à ce qu’il reste planté là devant vous malgré tout ; le chevreuil, comme toutes les espèces chassées par l’homme, est très craintif, et il n’hésitera pas à déguerpir en moins de deux à la moindre alerte de sécurité ! Avec ses longues pattes toutes fines et athlétiques, il se propulse dans l’air et bondit allègrement tel un kangourou au-dessus de nombreux obstacles – haies, clôtures, souches d’arbres… – ce faisant, il aura tout loisir de vous montrer – plutôt que ses beaux grands yeux noirs – son joli derrière tout blanc, que l’on surnomme « miroir ».
Pour photographier les chevreuils, le tout est donc d’arriver à les approcher sans les effrayer. Pour cela plusieurs solutions existent. Sachez qu’il est tout à fait possible de les photographier aux quatre saisons de l’année, mais en automne et en hiver l’espèce est mise à rude épreuve par les chasseurs, mieux vaut donc essayer de ne pas les stresser davantage, et prendre toutes les précautions pour minimiser leur dérangement.
1. L’affût fixe
La technique la plus « éthique » est clairement l’affût fixe. C’est aussi celle qui demande le plus de préparation, si vous ne voulez pas vous rouler les pouces pendant des heures sans apercevoir le moindre bout de poil ! Les chevreuils ont un territoire finalement assez peu étendu, et comme les humains, ils entretiennent une certaine routine – ils sortent de leur cachette boisée à peu près à la même heure, après le coucher de soleil (parfois même avant), et choisissent souvent de dîner dans les mêmes parcelles de luzerne, betteraves, blé, etc.
Votre affût bien placé (en lisière de bois), à contre-vent (très important !), dans lequel vous entrerez à des horaires bien calculés (une heure avant le coucher de soleil), peut offrir des instants d’observation naturalistes vraiment magiques, avec des animaux détendus car ils ne se douteront pas de votre présence. Si par malheur ils vous voient, ou vous sentent, ils n’hésiteront pas à s’enfuir, parfois en aboyant, et ne reviendront (peut-être !) que plusieurs heures plus tard – mieux vaut donc partir et remettre l’affût à un autre jour, inutile d’insister !
2. L’approche
Une autre technique (celle que je préfère), est l’approche. Cette technique présente surtout l’avantage de la mobilité, permet de s’adapter plus facilement à la scène tout en augmentant les possibilités de créativité (par exemple, si vous apercevez des chevreuils à travers la végétation, se déplacer de quelques centimètres peut complètement changer la qualité de flou de premier plan).
Tout comme pour l’affût, mieux vaut bien connaître le terrain sur lequel vous vous aventurez, pour ne pas déranger inutilement les animaux. L’idée est de se fondre dans le paysage (vêtements assortis à la végétation, cagoule & gants pour masquer les parties blanches de la peau) et d’avancer (toujours à contre-vent !) le plus silencieusement possible sur le territoire de présence des chevreuils, en scrutant régulièrement les alentours aux jumelles.
Gardez bien en tête que les chevreuils ont un odorat et une ouïe bien plus performants que celle des humains, et qu’ils sauront toujours mieux se cacher que vous !
Ils ont aussi une très bonne vue, mais tant que restez immobiles sans sourciller, il se peut que vous passiez, de façon assez étonnante, totalement inaperçus – il m’est déjà arrivé d’être à 20 mètres d’une chevrette (debout et plutôt bien en évidence !) et d’avoir croisé son regard (photo ci-dessous), mais curieusement, après quelques secondes elle a fini par décrocher et continuer sa vie comme si de rien était…
Une fois vos photos effectuées, il faut tenter de repartir aussi discrètement que quand vous êtes arrivés, ce qui, selon les situations, n’est pas toujours évident.
3. L’affût-voiture
Une troisième technique (moins écolo) est l’affût-voiture. Si vous êtes en territoire rural, avec des toutes petites routes et chemins de terre qui longent les champs, la voiture est très pratique pour repérer plus rapidement et dans une zone plus étendue la présence ou non de chevreuils. Avant de faire des photos, mieux vaut faire des sorties de repérage, sans s’arrêter. Une fois les animaux localisés, vous pourrez revenir le lendemain, et vous garer à des endroits stratégiques.
Les chevreuils sont assez peu méfiants des véhicules en général, à condition de respecter quelques règles primordiales. Déjà, si vous voyez un animal en bordure de chemin alors qu’il fait encore bien jour, évitez de vous arrêter à 2 mètres de lui, ce qui le ferait évidemment paniquer et disparaître illico presto dans les broussailles les plus proches. Il est important de garder une distance de courtoisie, d’une cinquantaine de mètres minimum, de ne pas accélérer ou freiner brutalement, et surtout de couper phares et moteur, à l’endroit que vous avez choisi pour stationner.
Il y a une part de surprise et de spontanéité avec cette technique, et j’ai réalisé certaines de mes plus belles photos de chevreuil grâce à l’affût voiture. Bien sûr, la voiture c’est polluant, mais pendant la séance d’affût (qui peut durer un certain temps !) votre moteur est coupé.
Je termine cet article en vous renvoyant vers mon album Flickr consacré tout entier à des chevreuils photographiés dans plusieurs départements de France (Loiret, Deux-Sèvres, Charente, Somme, Eure), avec matériel et réglages à chaque fois indiqués.
Comme d’habitude, n’hésitez pas à me faire part de vos remarques, questions éventuelles, et à me partager vos propres expériences naturalistes avec nos chers princes et chères princesses des Bois !
Ah celle ci me plaît énormément… J’aime beaucoup jouer avec cette luminosité qui cisèle les contours.
Cet album est magnifique. Félicitations, tu as dû vivre de vrais moments de bonheur, bien mérités il faut le dire !
vous racontez aussi bien que vous photographiez, bravo et merci pour tous ces partages , c’est un vrai régal de nous faire vivre ces aventures avec vous !!
Un grand merci Dominique pour ce commentaire fort sympathique ! Je suis heureux de partager toutes ces belles émotions autour de moi 🙂