Le 8 mai dernier, je publiais la 1re partie d’une histoire qui a beaucoup occupé mon temps libre, pendant le confinement, tout au sud des Deux-Sèvres à quelques encablures de la Charente. Le mot encablure n’est pas choisi par hasard, puisque comme je vous l’expliquais dans le 1er article, les huppes fasciées ont la fâcheuse tendance à privilégier des perchoirs artificiels et peu photogéniques : câbles et poteaux électriques sont leurs préférés, mais parfois c’est encore pire que cela !
Heureusement, j’ai eu largement le temps d’observer les différents va-et-vient des oiseaux, et de les surprendre dans des décors plus champêtres et poétiques, comme ici, juste devant le potager :
Ou encore là, en haut d’un ancien mur en pierres, à travers la végétation :
Pendant plusieurs semaines, les adultes se sont relayés pour nourrir leur progéniture. J’ai longtemps guetté le moment où je verrais enfin sortir de la loge le bout du bec d’un des jeunes… Après 3 semaines d’attente, il s’est passé quelque chose d’extrêmement étrange. Un bon matin de mai, j’ai assisté à une altercation entre deux huppes adultes. Dispute conjugale ? Un troisième oiseau venu jouer les trouble-fêtes ? J’ai eu beau regarder, à aucun moment n’ai-je vu 3 huppes adultes en même temps…
Les jours suivant cette étonnante observation, les huppes (jusque alors plutôt discrètes) se sont mises à chanter au quotidien, de très bonne heure, et pendant de longues périodes.
Me vînt alors une théorie : les huppes chanteraient-elles le succès de leur couvaison ? Les jeunes se seraient-ils envolés ?
Mais non ! Je continuais à voir les huppes revenir à la loge avec des vers ou des grillons… mais un peu moins régulièrement qu’auparavant. Peut-être alors, les huppes chantaient pour encourager les jeunes à prendre leur envol ?
Arriva alors la journée du 21 mai, et une scène très troublante. Deux adultes semblaient à nouveau se disputer. Lutte territoriale ? Pendant que l’une des huppes nourrissait ses petits, une autre semblait s’intéresser – à environ 25 mètres de là sur la même façade – à une autre trouée : quoi, il y aurait un nouveau couple de huppes qui s’installerait là tout près ?!
Car oui, j’ai fini par comprendre que ce n’était pas une dispute, mais plutôt une parade amoureuse… C’est lorsque les deux huppes ont fini par se poser à l’entrée de la même nouvelle loge que je l’ai compris !
C’est l’une des seules fois où j’ai réussi à cadrer deux huppes adultes dans la même image.
48h plus tard. En fin d’après-midi, je vois une huppe posée dans le sapin en face de mon bureau, un ver dans le bec. Ils nourrissent donc toujours leurs petits ! A l’ancienne loge. Mais parle-t-on des mêmes huppes ?! J’avoue être un peu perdu…
L’heure est venue pour moi d’en avoir le cœur net. Je décide de faire un affût assez long, avec vue sur les deux loges, pour comprendre un peu de quoi il en retourne. Et là, surprise ! Quelque chose bouge à la première loge. Un bec de huppe juvénile ! Timidement, il s’intéresse au monde extérieur, mais de ma position (collé contre le mur), je ne peux voir que son bec, rien de plus.
C’est alors que débarque de nulle part une huppe adulte : j’assiste en direct à la scène de nourrissage* ! Dans la série de photos que je parviens à faire en rafale, j’ai le moment précis où le ver est déposé dans le gosier du jeune.
Le repas lui a plu, et il en redemande. Le moment que j’attendais est enfin venu : la tête entière sort de la loge ! Et j’ai bien l’impression qu’il n’y a qu’un seul petit…
Quelque chose me dit que l’envol est pour très bientôt. J’aimerais assister à ce moment unique, mais je n’ai pas non plus tout le temps du monde… Je décide donc d’en rester là pour ce soir et de refaire un affût à la même heure, le lendemain – la chance devra être de mon côté !
Le 24 mai, il fait toujours aussi beau, et je suis en place. Et là, grosse surprise : ce soir pas de nourrissage, mais une scène d’accouplement entre deux huppes adultes, juste devant les yeux du petit ! Leur rejeton n’est même pas sorti de son nid douillet découvrir l’immensité du monde que ses parents pensent déjà à leur deuxième nichée… à moins que ce soient deux huppes différentes ?! Quoi qu’il en soit, je me retrouve témoin malgré moi de leurs ébats et je n’en rate pas une seconde puisque par réflexe je fais plusieurs rafales de photos, qui n’ont duré que 3 ou 4 secondes en tout… De l’approche du mâle jusqu’à l’insémination de la femelle !
Ce moment d’exception suffira largement à ma soirée, et je décide d’en rester là. Je ne saurais donc jamais si au final les huppes étaient au nombre de 2, 3 ou 4 ! Voire 5, si on inclut le petit (que je n’ai hélas pas vu s’envoler).
Je verrai une des huppes une toute dernière fois avant mon départ pour la Drôme, fin mai, depuis la fenêtre de mon bureau. Un autre petit moment d’intimité (la toilette !) dans un cadre végétal plus photogénique que les acrobaties du couple trois jours auparavant sur le fil électrique !
C’en est donc terminé pour cette année, l’histoire des huppes du village de mon enfance. Peut-être verrais-je maintenant la Drôme un nouveau couple ?! Suite (éventuelle !) au troisième épisode… 🙂
* Il me faut préciser que toutes les dispositions ont été prises de mon côté (camouflage, obturateur silencieux) pour éviter un dérangement inutile de huppes pendant leur couvaison !
Truly wonderful/Vraiment passionnant! Good lad!!
C’est carrément porno 🤣🐦
Tes photos sont tellement belles et naturelles, on pense que c’est facile et ça demande une telle patience, une véritable réactivité et un « oeil »
Merci de ce moment de poésie ❤️🧡💛💚💙 dans un monde de brutes🙄