Les deux premières saisons n’ont pas encore été adaptées au cinéma, mais tant pis : voilà plus de douze mois que j’attendais de trouver un moment pour vous raconter la suite des premières aventures des huppes fasciées du Sauvage, le petit lieu-dit où j’ai grandi et où je me suis réfugié pendant le confinement saison 1, en mars 2020 !
Pour ce 3e volet de la trilogie, qui suit la vie de ces oiseaux si singuliers, l’action se passe au mois de mai 2021. Je suis rentré dans la maison familiale le temps d’un grand week-end, l’appareil photo bien évidemment en bonne place dans la valise, et c’est avec un brin de nostalgie que je retrouve pour ce court séjour mon « terrain de jeu » photographique du confinement ; celui qui, pendant deux mois, m’avait permis de pister un renard dans une prairie fraîchement fauchée, d’observer 51 espèces d’oiseaux différentes dont le busard Saint-Martin, et de suivre, donc la nichée d’un couple de huppes fasciées !
Cette fois je n’ai pas 2 mois devant moi, mais 3 jours… Suffisant tout de même pour refaire le tour du village, visiter mes spots d’observation préférés, et de simplement prendre le café sur le banc rustique devant la maison, jumelles et appareil photo à portée de main ! Ce banc n’est pas choisi par hasard : c’est en fait l’endroit idéal pour guetter les allées et venues des huppes fasciées… Car oui, les huppes sont de retour à leur loge préférée ! Le trou se trouve à 30 mètres du banc, mais sa vue est obstruée par un mur en pierre coiffé de vieilles tuiles romaines. Les perchoirs choisis par les oiseaux sont en revanche bien visibles – ce mur en pierre, notamment !
L’année précédente, je rêvais de photographier une des huppes perchée-là haut, à côté des quelques coquelicots sauvages qui ont trouvé le moyen de pousser à 10 mètres du sol. J’ai eu beau faire plusieurs séances d’affût sur le banc, pas moyen de figer ce moment. Mon frère, lui aussi photographe animalier à ses heures perdues, a en revanche eu plus de chance. Bravo Justin, et merci de me permettre de la publier ici !
Avant cette photo faite par mon frère, ma chance ce jour-là n’avait été qu’une observation très lointaine d’une huppe posée sur la branche morte d’un vieux châtaignier gigantesque, dans le jardin d’un autre voisin. L’oiseau est petit dans l’image, mais dans cet amas de branches nues avec la lumière à contre-jour, la silhouette de la huppe ressort plutôt bien, et je m’en tire avec une photo esthétique en noir et blanc plutôt sympa.
Un peu plus tard ce jour-là, vers 12h, j’ai pu assister à une séance de chant d’une huppe posée à une distance beaucoup acceptable, mais malheureusement sur un poteau électrique bien moche ! Du coup, pour immortaliser malgré tout ce moment, j’ai essayé de composer avec la végétation pour tenter de faire un peu diversion…
J’aurai (beaucoup) plus de chance le lendemain. Je me promène près de la mare, dans le jardin, à la recherche de sujets à photographier, quand je remarque un drôle d’oiseau au sol, devant la serre. C’est la huppe ! L’année précédente, j’étais déjà parvenu à la photographier d’assez près à cet endroit, en me couchant au sol. Mais cette fois, j’ai peut-être la possibilité de documenter quelque chose de nouveau : la huppe semble en effet en pleine chasse aux vers. De temps en temps, je la vois lever la tête et lancer sa proie en l’air pour l’ingurgiter dans la foulée. Ce serait merveilleux de parvenir à figer une telle scène !
Problème : je suis complètement à découvert, et au moindre faux pas, elle s’envolera… ou pas (les huppes sont assez imprévisibles, comme oiseaux, tantôt farouches, tantôt indifférentes à la présence humaine). Entre elle et moi, il n’y a qu’un obstacle : une brouette ! Pas le choix, ça sera elle, mon affût. Je me plaque au sol, et je rampe délicatement en direction de la roue (de la fortune) pour me planquer derrière. Je regarde dans mon viseur, et là je remarque la huppe complètement immobilisée, les yeux presque fermés. On dirait qu’elle est malade… Ou alors elle s’accorde un petit moment de sieste méritée, entre deux nourrissages intenses de sa progéniture ?
Ces quelques instants de « beug » me permettent en tout cas de tenter de m’approcher davantage, toujours en rampant dans l’herbe (heureusement plus haute que celle d’un golf !). Je sais que si je me tiens immobile, caché derrière l’appareil photo, il y a peu de chances pour que ma présence perturbe l’oiseau. Et de fait, la huppe se tire tout à coup de sa torpeur et recommence à donner de grands coups de becs déterminés dans la terre, pour en sortir de petits vers blancs. C’est maintenant ou jamais : j’adapte mes réglages et je déclenche, en rafales, à chaque fois qu’elle relève la tête. Bingo !
Après cette scène – merveilleusement inespérée ! – je décide d’en rester là pour cette fois, et je rentre dans la Drôme plein de souvenirs huppés en tête.
Et en 2022 alors ?
Aux dernières nouvelles, étrangement, la loge habituelle n’a pas été occupée par les huppes cette année. Je n’ai pas pu me rendre sur place pour le vérifier, mais ainsi va la nature : rien n’est figé, tout évolue au gré du temps. La preuve : début juin, mes parents m’écrivent pour m’annoncer qu’un couple de faucons crécerelles a installé son nid dans le mur ouest de la maison : une première en 30 ans ! Sur cette photo, faite par mon père, on distingue 3 jeunes presque en âge de prendre leur envol.
A lire aussi :
- Un confinement huppé (8 mai 2020)
- Un déconfinement huppé (3 juin 2020)