Le tichodrome échelette, petit trésor des falaises

Souvent recherché, rarement rencontré : inféodé aux montagnes entre 1000 et 3000 mètres d’altitude, à peine plus grand grand qu’une bergeronnette, le tichodrome échelette est une petite merveille d’oiseau qui fait à chaque fois le bonheur des naturalistes et photographes qui parviennent à le « dénicher », souvent complètement par hasard, tant les sites qu’il fréquente sont vastes, abruptes et inaccessibles.

Tant qu’il n’ouvre pas ses ailes, il est aussi parfaitement camouflé, les couleurs grises et noires de son dos le rendant quasi invisible sur une paroi rocheuse, perdu dans l’immensité des paysages montagnards.

Ceci étant dit, le tichodrome a deux caractéristiques assez insolites qui peuvent, tant est qu’on ait un peu chance, trahir sa discrète présence. Premièrement, la magnifique couleur rouge carmin de ses ailes, uniquement visible lorsqu’elles sont déployées, et deuxièmement, son penchant touristique, à la mauvaise saison, pour les ponts et monuments historiques !

Une explication s’impose : en hiver, ces oiseaux étonnants quittent volontiers leurs quartiers montagnards pour des logements de plus basse altitude, où la météo est plus clémente et les sources de nourriture plus évidentes. Or, comme plus bas il y a moins de falaises naturelles, le tichodrome s’approprie sans peine toute structure humaine verticale faite de roche ou de brique, à condition toutefois que les parois soient rugueuses et offrent de petites crevasses où il peut plonger son long bec, fin et courbé, pour y extraire araignées et autres invertébrés. Mais aussi des cavités où il peut rentrer de tout son corps pour se reposer et dormir une fois la nuit tombée.

C’est ainsi qu’en 2016, à une époque où je commençais tout juste la photo animalière, j’ai pu profiter de la visite exceptionnelle d’un individu à Poitiers, sur la façade de l’immense cathédrale Saint-Pierre !

© Richard Holding / Oeil Sauvage

L’apparition fut pour le moins assez brève, et je ne suis parvenu qu’à faire 2-3 photo-souvenirs assez médiocres. Mais peu importe : j’avais vu mon premier tichodrome !

Ma seconde rencontre avec cet oiseau se fera bien des années plus tard, dans la Drôme cette fois. Comme son nom ne l’indique pas, le tichodrome n’a rien de drômois, mais il se plaît dans ce département accidenté où les falaises et les vieux châteaux sont légion !

C’était le 22 août 2019, jour de mon anniversaire, après un bivouac passé sur les plateaux du Vercors. J’admirais le ballet des vautours quand j’ai vu ce vol papillonnant si caractéristique du tichodrome passer juste devant moi. Hélas, toutes mes photos seront floues !

© Richard Holding / Oeil Sauvage

Trois ans plus tard, à l’automne, c’est lors d’une randonnée dans le Massif des Bauges que j’ai pu revoir le tichodrome dans d’assez bonnes conditions.

Nous étions montés assez haut en altitude, et nous avons été bien inspirés en choisissant, totalement au hasard, une zone de pique-nique juste en face d’un magnifique rocher superbement bien éclairé par le soleil de midi.

© Oeil Sauvage / Richard Holding

Nous avons pu l’admirer pendant de longues minutes, grimper les parois à la recherche de proies, mais nous étions tout de même assez éloignés, donc pour les belles photos ce n’était pas non plus gagné !

Puis arriva, enfin, LA rencontre, en novembre 2024, à nouveau dans la Drôme. J’étais parti à la recherche du rare monticole bleu, lui aussi friand des falaises très abruptes, mais c’est le tichodrome qui, ce jour-là, lui vola la vedette.

Il était sur une falaise équipée pour l’escalade, et par chance, aucun grimpeur (humain) n’a eu l’idée de venir défier la gravité ce jour-là.

L’oiseau a donc pu profiter de la paroi sans être dérangé par qui que ce soit ! Quant à moi, je me tenais assis, immobile, au bord de la falaise, en attendant tranquillement le bon moment pour dégainer. Qu’est-ce que j’aimerais pouvoir immortaliser ces magnifiques ailes rouges ! Pour ça, je ne le lâche pas du viseur, je croise les doigts pour qu’il s’approche un peu près de ma cachette, et j’essaie d’anticiper ce moment si merveilleux où il va les déployer pour grimper, ou s’envoler.

J’ai beaucoup de déchets à trier parmi les dizaines de photos prises en rafale, mais ce n’est pas grave, il me suffit d’un cliché – voire deux – pour être heureux !

Les voici ! Regardez comme cet oiseau est beau… Après tant d’années à faire de la randonnée, appareil photo à la main prêt à tirer le portrait du moindre suspect que je croiserai, j’ai enfin la photo du tichodrome dont je rêvais : celle d’un individu me faisant face, en plein vol dans son milieu naturel !

J’espère que cette histoire vous aura plu… A très bientôt pour une nouvelle aventure en photos !

Les émotions ça se partage !

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