A la fin de la première partie de mon histoire consacrée au mystérieux lièvre blanc (lire), j’émettais la crainte de ne plus jamais le revoir après la saison de chasse… Pendant tout l’hiver, je ne suis pas retourné à la prairie où j’avais pu l’approcher de très près, en octobre 2017. J’ai préféré attendre le printemps et le
retour des dimanches silencieux, d’une part par sécurité – ramper dans une prairie ferait de moi une drôle de cible pour un chasseur qui ne voit pas très clair ! – et d’autre part par souci de tranquillité du lièvre, qui devait être assez stressé comme ça à devoir se cacher en permanence, son pelage blanc ne l’aidant franchement pas à se dissimuler du viseur des tontons flingueurs !
Le printemps arrivé, je suis retourné plusieurs fois sur place, mais en vain… Pas de lièvre. Plusieurs mois passent, je suis occupé par d’autres projets photographiques mais je garde toujours le lièvre dans un coin de ma tête, en me disant qu’il a peut-être simplement changé de territoire. Car je ne peux pas croire qu’un chasseur ait osé tirer sur un individu si atypique…
Mais voilà qu’un jour de juillet, je repasse dans ce secteur. Dans la prairie je vois bien un lièvre, mais il est brun ! Je scrute les environs aux jumelles jusqu’à ce que je me rende compte que le lièvre blanc est en fait caché par l’herbe haute, juste à côté du marron – ouf ! Il a donc survécu à un hiver de chasse…
Il y a quelques semaines, j’ai pu acquérir un téléobjectif plus puissant (300mm), ce qui fait que je peux garder une certaine distance de courtoisie entre moi et les animaux, mais il faut quand même que je m’approche un peu pour espérer tirer le portrait de ce beau couple ! Je rampe donc très lentement à plat ventre dans la prairie, en évitant tout bruit et mouvement brusque. J’arrive à un endroit suffisamment confortable pour photographier tranquillement, en mode 100% silencieux, et je me félicite de ne pas les avoir dérangés pendant leur repas du soir !
Les journées sont longues en ce moment, mais il se fait tout de même tard, la lumière baisse et je dois utiliser des vitesses assez lentes (1/25s et même 1/10s) pour conserver une bonne qualité d’image tout en restant avec un ISO assez faible (400, 650, 800). Je ne peux pas espérer faire de photo d’action avec de tels réglages, mais de toute façon, il y a peu de chance qu’ils fassent des bonds en l’air, à moins que je leur fasse peur – ils sont pleinement occupés à ingurgiter leur salade du soir !
C’est la dernière fois que je verrai le lièvre blanc. J’ai vu d’autres lièvres, ordinaires, mais pas lui… Mais d’après un ami, il aurait été aperçu pendant l’hiver 2017-2018 à quelques kilomètres de là. A moins qu’il ait transmis ses gênes à sa descendance ?!