Il était une fois, un bout de nature tout tranquille, sans maison ni feu de bois. Juste un sentier et quelques tas de pierres, ci-et-là ; vestiges humains qu’une végétation luxuriante désormais s’octroie.
Début février en fin de journée, appareil photo au poing, je m’avance délicatement dans cet endroit si préservé, armé de patience et de silence. D’un pas ouaté, évitant les branches qui craquent et qui font fuir, je monte vers un point de vue dégagé, avec cette douce attente d’être surpris par le vol d’un aigle, le passage furtif d’un renard, ou qui sait : la chasse d’un loup !
A la sortie du bois, j’arrive au bord d’une mini-falaise où je me pose quelques instants, pour embrasser d’un seul regard toute l’étendue de cette nature sauvage et vivifiante.
A peine suis-je assis que j’entends déguerpir, dans la chênaie en contre-bas, un animal plutôt gros… Il n’a pas été bien loin, 30 mètres à peine. Il est masqué par les arbres et les broussailles… à quelques poils près ! Grâce à mes jumelles, je ne mets pas longtemps à distinguer la bête : un sanglier ! J’attends quelques instants pour me faire oublier et voir s’il revient dans ma direction.
Quelques secondes passent : nouveau bruissement, beaucoup plus proche de moi cette fois, mais toujours en contre-bas. Je vois quelque chose bouger, très furtivement : une martre ?! Je me fige, bloque ma respiration, et me dissimule derrière l’objectif de mon appareil photo au cas où il se montrerait plus distinctement.
Le revoilà qui s’avance à petits pas : c’est un minuscule mar… cassin !
Il doit avoir quelques jours à peine, je n’en reviens pas… Il trottine quelques mètres puis s’affale maladroitement dans un tapis de feuilles mortes.
Je me rends vite compte qu’il n’est pas seul : il y en a 3 autres autour de lui ! Ce que j’ai devant les yeux est assez invraisemblable ; par le plus grand hasards, je viens de découvrir le chaudron d’une maman sanglier, au beau milieu de l’hiver !
A en croire les chasseurs drômois, cette année les suidés sauvages à la grosse truffe noire se feraient rares, la faute au loup qu’ils disent… Je me trouve pourtant ici en plein milieu du territoire d’une meute !
Quoiqu’il en soit, la situation est toute claire désormais : mon arrivée, pourtant discrète, a hélas dû troubler la tranquillité de la laie qui couvrait ses petits, blottis contre elle au pied de la petite falaise, dans un nid fait par ses soins. L’emplacement du chaudron est tout réfléchi : le soleil hivernal qui se reflète sur la paroi rocheuse doit apporter une chaleur bienvenue à cette petite compagnie…
Je ne m’attarde pas plus longtemps bien entendu, pour laisser la mère vite retrouver ses rejetons, et je repars doucement via le sentier d’où je suis venu, le cœur rempli de joie… Que la nature est belle, imprévisible, fascinante !
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