Merveilles en Vanoise

Les zones sans chasse sont rares en France, et même dans les territoires soi-disant « protégés », les fusils y sont parfois autorisés, sur dérogation… Premier parc national créé en France, en 1949, la Vanoise ne fait pas exception, mais avec ses quelque 535 km2 de nature préservée, ce pendant du Parc du Gran Paradiso en Italie reste malgré tout l’un des meilleurs endroits des Alpes pour observer une faune paisible, abondante et parfois… surprenante !

J’ai décidé d’y faire une brève incursion, 3 jours durant, début juin 2022, et si je m’attendais à croiser le chemin de l’indécrottable marmotte et de quelques immanquables bouquetins, j’ai aussi eu l’immense joie de tomber sur des espèces bien plus discrètes…

Début juin coïncide avec la floraison des merveilleux rhododendrons, qui tapissent littéralement le sol par endroits, offrant de superbes opportunités photo.

C’est sur l’un d’eux que j’ai fait ma première rencontre animalière du séjour : un pipit spioncelle, passereau que l’on peut croiser entre 1500 et 2500m dans les Alpes. A ne pas confondre avec son cousin le pipit farlouse, auquel j’ai consacré toute une histoire à découvrir ici.

Un peu plus haut, lors de ma première randonnée, j’ai aperçu mes premières marmottes, ces sympathiques boules de fourrures faussement pataudes, qui disparaissent vite dans leurs terriers à la moindre alerte.

Certaines sont plus farouches que d’autres, en tout cas avec mon 300mm nul besoin de m’approcher trop près pour leur tirer le portrait.

Beaucoup plus inattendu, 20 minutes plus tard, en plein milieu du chemin de rando : une vipère aspic !!

L’animal ne bougeait pas d’une écaille, et il s’en est fallu de peu pour que je ne lui marche pas dessus…

Je continue mon ascension, et m’imprègne de paysages de plus en plus ouverts et dégarnis, où des chocards ne se font pas rares.

Et là, perché sur un rocher, un accenteur alpin, le cousin montagnard de l’accenteur mouchet que vous observez peut-être dans votre jardin.

Il y a des névés maintenant, et j’emprunte un petit chemin escarpé jusqu’à atteindre une belle ruine en pierres, où je m’accorde une pause café bienvenue.

C’est là que je me rends compte que je ne suis pas seul. Un gros oiseau bouge par là-bas, à même le sol… c’est un lagopède alpin ! J’avais déjà pu photographier cet oiseau dans le Dévoluy, en octobre 2021, mais cette fois-ci il a son plumage estival, et se fait trahir par le manteau neigeux de l’arrière-plan.

Je lui tire le portrait au loin, sans le déranger, puis décide de rebrousser chemin, tranquillement. Je croise à nouveau une belle marmotte, puis décide de me mettre un peu à l’affût, pour voir.

Après plusieurs minutes, je me fais surprendre par le cri si caractéristique d’un autre lagopède. Je regarde partout… Sa tête dépasse de la montagne là-bas, mais il est loin ! Avec le doubleur sur mon 300mm, je tente un cadrage avec quelques fleurs.

Une heure plus tard, j’aperçois – enfin ! – mon premier chamois. Il erre seul, dans la neige, et il est loin, lui aussi.

En redescendant, je décide de passer du temps près des bouquetins, qui broutent paisiblement dans les alpages sous un ciel plombé.

Enfin, tout en bas, alors que je suis presque arrivé à ma voiture, je surprend un superbe cassenoix moucheté dans un arbre en fleur.

JOUR 2

Le lendemain matin, je décide de partir à pied depuis le camping où je suis installé, pour changer de milieu et découvrir une belle forêt de montagne qui me fait de l’œil depuis mon arrivée.

J’avance à l’aveugle, observe les arbres, les fleurs, les insectes, quand soudain, à quelques mètres devant moi, un drôle d’oiseau sort de nulle part pour se poster sur le GR : une gelinotte des bois !!! Incroyable ! C’est la première fois que je le vois, c’est un oiseau de montagne d’habitude très discret, inféodé au milieu forestier, aidé par un plumage camouflage incroyablement efficace.

Curieusement, plutôt que de s’envoler tout de suite, elle décide de me tourner autour, en caquetant… Elle doit avoir une nichée à proximité ! Je prends vite conscience que ma présence la dérange, donc aussitôt quelques photos en poche je ne m’attarde pas et m’en vais voir plus loin. Quelle rencontre !!

Il n’est que 10h20 du matin – si je ne vois rien d’autre de la journée, pas grave, cette observation exceptionnelle suffit largement à me contenter… Mais comme vous allez vite vous en rendre compte, cette journée du 9 juin n’a pas fini de me surprendre…

En fin d’après-midi, alors que le ciel menace de pleuvoir, je décide de faire une nouvelle randonnée, à la recherche de grands rapaces. Une dame de l’Office de Tourisme m’a vaguement indiqué un endroit où j’aurais possibilité, peut-être, d’observer le rarissime gypaète barbu, le fascinant vautour casseur d’os, persécuté jusqu’à l’extinction au cours du 20e siècle, mais qui effectue aujourd’hui son grand retour dans les Alpes et les Pyrénées, à la faveur d’ambitieux programmes de réintroductions.

Arrivé sur un vaste plateau d’altitude, parsemé de remontées mécaniques fantomatiques, j’emprunte un chemin de randonnée qui me fait passer devant un magnifique merle à plastron, autre oiseau que j’avais eu joie à rencontrer dans le Dévoluy, mais beaucoup plus furtivement.

Ici je me trouve devant un individu bien peu farouche, qui me laisse tout le temps de le photographier !

Il est maintenant 19h du soir, et le temps se fait de plus en plus menaçant. Je marche sur un chemin qui longe sur le bord de la montagne, et scrute les versants opposés. C’est là que j’aperçois, à une bonne centaine de mètres dans la falaise en face, une cavité étrangement carrée, comme si elle avait été creusée par l’homme. Il semble y avoir un objet à l’entrée… Je mets un coup de jumelles et là, grosse nouvelle émotion : c’est un gypaète posé !

Il est beaucoup trop loin pour espérer une belle photo, mais pour mon plus grand plaisir, le voilà qui prend son envol et qui… s’approche de mon point d’observation ! Je le mitraille autant que je peux, conscient de la rareté de la scène, jusqu’à ce qu’il me passe tout près – presque trop, pour entrer dans le cadre !

Malgré un temps pourri, cette merveilleuse journée peut maintenant se conclure par une petite meute de loups… Non ! Mais pourquoi pas une soupe bien chaude au camping.

Après de telles rencontres sur un jour, le lendemain allait forcément paraître bien fade. J’y verrai tout de même un nouveau cassenoix, un couple d’aigles royaux (photos ratées), et un oiseau qui passe sa journée ou presque à dire bonjour… J’ai nommé le coucou gris !

C’en est fini pour cette petite escapade en Vanoise, où je ne pensais clairement pas voir autant d’animaux différents en un temps si court !

Et je vous donne rendez-vous d’ici quelques semaines pour une nouvelle histoire, consacrée à un minuscule rapace aux yeux d’or 😉

Les émotions ça se partage !

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