Si vous avez lu le compte-rendu de ma rencontre forestière avec les renardeaux et le chevreuil, en mai 2018, vous vous souvenez peut-être que je finissais en évoquant ma découverte d’une loge de sittelle torchepot (sinon, c’est ici !). La sittelle n’est pas une espèce rare, ni menacée. Malgré cela, et bien qu’elle pousse des cris assez nerveux et sonores, il n’est pas toujours aisé de l’observer, car elle est tout de même moins fréquente que les merles, mésanges, pinsons et rouges-gorges par exemple, les usual suspects de tous les jardins français, mais surtout parce qu’elle est intimement liée à la forêt, les arbres, et donc souvent bien cachée derrière les feuillages.
Lorsqu’on entend son cri, on peut mettre longtemps avant de l’apercevoir, car elle évolue souvent assez haut dans les branchages. Extrêmement agile, elle avance par petits mouvements rapides, enchaînés, et se sert de son long bec pour dénicher les petits insectes sous l’écorce des branches. On peut aussi l’entendre tapoter, à la recherche de nourriture, mais le bruit n’est pas aussi marqué que celui fait par ses cousins les pics. Il arrive aussi qu’on les surprenne au sol, mais c’est plus rare.
En hiver, à la mangeoire
L’hiver est sans doute la meilleure saison pour avoir une chance de les observer de près, car elles n’hésitent pas à fréquenter les mangeoires, et terroriser au passage les mésanges, verdiers et autres petits passereaux. Heureusement pour ces derniers, la sittelle, pas du genre hésitante, arrive et repart presque aussitôt en un éclair bleu-orangé, ce qui ne facilite pas l’expérience de celui qui la cherche du regard. Mais à force d’étudier les comportements des différents oiseaux autour de la mangeoire, on en arrive à sentir le moment où va débarquer la flèche à plumes vêtue de son malicieux bandeau noir.
Cet hiver, dans mon jardin, j’ai justement eu la possibilité d’observer plusieurs individus en même temps, fréquenter la mangeoire maison que j’ai réalisée à partir de matériaux naturels – un morceau de branche creuse et courbée, colmatée à chaque extrémité par des feuilles et des pommes de pin, idéal pour y placer des graines à l’abri de la pluie et de la neige, et qui se fondait bien dans le décor. Les oiseaux aiment bien cette bûche troglodyte, car ils peuvent y entrer pour manger et s’y abriter.
Depuis l’affût-voiture, j’ai réalisé toute une série de photos de sittelles dans des positions originales et souvent rigolotes !
Au printemps, dans la forêt
Après l’hiver vient le printemps, et la possibilité pour les passionnés de la nature d’observer d’autres comportements animaliers, notamment la reproduction et la nichée des oiseaux. Des moments fragiles et délicats devant lesquels il est absolument primordial de rester le plus discret possible. Tout dérangement qui mette en danger la nichée est à proscrire ! A l’instar des pics, les sittelles nichent naturellement dans une loge dans un arbre, mais avec cette grosse différence que la sittelle ne creuse pas elle-même sa loge – elle utilise celle creusée par un pic, et elle maçonne de boue l’orifice pour l’adapter à sa taille !
Découvrir une loge occupée est toujours un régal pour le photographe animalier, qui peut facilement disposer son affût dans le secteur et espérer réaliser de beaux clichés de séances de nourrissage et d’envols. Chez les sittelles, le nourrissage se fait assez régulièrement, ce qui donne au photographe plusieurs essais pour réussir avant qu’il ne soit gagné par la frustration de l’échec ! Avec une espèce comme les pics noirs, c’est une toute autre histoire – les parents peuvent mettre plus d’une heure, voire deux, entre deux nourrissages !
J’ai eu la chance, cette année, de découvrir une loge dans un arbre parfaitement bien éclairé, à toute heure de la journée, ce qui n’est pas forcément évident dans une forêt dense et épaisse. Et qui dit lumière, dit possibilité d’utiliser des vitesses d’obturation rapides, et des photos plus nettes d’oiseaux en vol. Il s’agit ensuite d’anticiper le moment précis où l’un des deux parents sittelles revient à sa loge, ou en ressort, et d’effectuer une rafale d’images au bon moment. Il faut savoir rester humble, et s’attendre à beaucoup d’échecs… Mais il suffit d’une seule photo réussie sur plusieurs dizaines voire centaines pour remplir de joie le photographe patient et persévérant !
Il n’y a rien de plus difficile que de photographier les oiseaux en vol, surtout les petits oiseaux très rapides et imprévisibles. La solution à privilégier est la mise au point manuelle, sur une zone choisie au préalable, à travers laquelle on pense que l’oiseau va passer. Souvent, s’agissant d’une nichée, les oiseaux partent et arrivent par un même angle, en empruntant une même trajectoire.
Si vous vous demandez ce que la sittelle tient dans son bec sur la photo-ci-dessus, je vous avoue que j’ai moi-même été assez surpris la première fois que je l’ai vue sortir de la loge, avec comme une grosse limace qui pendouillait de sa bouche… En réalité, il s’agit des fientes des jeunes – les adultes passent leur temps à nourrir les enfants, mais aussi à faire le ménage… pas très différents des humains finalement !
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Bonjour ! J’aimerais savoir si le fait d’utiliser le flash pour prendre en photo une nichée de sittelles est dangereux pour leurs yeux ? Merci d’avance pour votre réponse.
Bonjour Christine, n’ayant jamais pris de photo au flash je en saurais vous répondre ! Je vous suggère de poser votre question sur le site Ornithomedia, ou bien à la LPO. Il me semble que pour les rapaces nocturnes, cela ne les gène pas, mais les oiseaux de jour je suis moins sûr.