C’est un petit animal très vif, son corps allongé et ses pattes courtes, qui fait le bonheur des photographes animaliers assez chanceux pour le croiser, en particulier l’hiver, saison où sa fourrure se pare de blanc pour se fondre avec merveille avec le manteau neigeux des prairies d’altitude.
Blanc sur blanc… Comme le lièvre variable, le lagopède alpin, l’hermine change de robe à la saison froide, ce qui la rend nettement moins visible des yeux de ses prédateurs. Mais avec des hivers de plus en plus doux, une neige qui se fait de plus en plus rare, ce petit mustélidé d’une taille entre la fouine et la belette a du souci à se faire… C’est que dans l’herbe verte, au milieu des vastes pâturages, on ne voit qu’elle la p’tite hermine !
L’approcher, en revanche, est une autre paire de manches… Dans ces grands espaces dégagés, non seulement les cachettes pour humains se font rares, mais l’hermine a la bougeotte permanente ! Lorsqu’elle chasse, sa course est totalement erratique et imprévisible : elle virevolte de droite à gauche à une vitesse folle, s’arrête net quelques secondes debout sur ses pattes arrières, puis disparaît en un clin d’œil dans une galerie de rongeur avant de réapparaître plusieurs mètres plus loin…
Le mieux, après avoir déniché son territoire, est de se mettre à l’affût en bordure de prairie, et d’attendre qu’elle pointe le bout de son museau pour sortir chasser. J’ai remarqué que c’était plutôt en fin de matinée qu’elle se montrait la plus active. Dans les champs où il y a une forte concentration de campagnols (sa proie de prédilection en hiver), il peut même y avoir plusieurs petites fusées blanches à la fois !
L’une de mes plus belles rencontres avec l’hermine date de décembre 2020. Pour assister à son petit manège, qui a duré une vingtaine de minutes dans une belle lumière d’hiver, j’avais juste à m’asseoir sur le chemin herbeux bordant son terrain de chasse, dissimulé entre deux arbustes.
J’ai quand même dû attendre qu’elle s’approche un peu pour avoir des photos intéressantes.
Il m’a ensuite fallu patienter deux ans avant de la revoir, toujours sans neige et cette fois dans la grisaille ! Tant pis, j’en ai pris plein les mirettes quand même, car j’ai pu l’observer beaucoup plus longtemps cette fois-ci, avec différents comportements et en présence d’autres animaux.
Nous sommes en décembre 2022, toujours dans le parc des Volcans, et il y a un drôle d’oiseau posé parmi les grives !
Les oiseaux (les vrais) n’en ont que faire de l’hermine, elle ne représente pas une menace pour eux. L’animal en avait après les campagnols, et c’était assez étonnant de la voir slalomer entre les grives (des litornes et des mauvis) pour chasser ses proies.
L’un des campagnols est parvenu à s’échapper : j’étais à quelques mètres de l’action, le rongeur a profité que l’hermine regardait ailleurs pour sortir de sa galerie et courir dans ma direction se mettre à l’abri de l’autre côté du chemin communal !
Un autre a eu moins de chance…
Pendant toute sa chasse, l’hermine n’a pas montré beaucoup d’intérêt pour le photographe qui se tenait à une vingtaine de mètres d’elle, « caché » derrière son boîtier. Mais à un moment donné, elle s’est mise debout sur ses pattes arrière, a regardé quelques secondes droit vers moi, puis a repris sa chasse comme si je n’existais pas… Chouette expérience !
Très heureux de cette matinée d’observations, malgré un temps maussade, je décide de revenir exactement au même endroit le lendemain, à la même heure. La météo est toujours terne et clémente.
L’hermine de la veille n’est pas au rendez-vous. Je pourrais me mettre à l’affût et attendre, mais je préfère partir à pied, en mode billebaude, explorer les prairies voisines. Je n’ai pas fait 100 mètres que mon regard est déjà attiré par un petit point blanc, à ma gauche, assez proche du chemin.
Je m’arrête pour mieux regarder : c’est bien une hermine ! Inutile d’aller plus loin, je vais me cacher derrière un buisson ici, et attendre que réapparaisse à nouveau le petit périscope…
3 minutes passent, à peine : la revoilà qui sort la tête, pour mon grand bonheur, à un endroit tout proche de mon affût !
A ce jour, c’est la plus belle proximité que m’a offerte une hermine. Pas grave pour la neige !
Ironie du sort, cette neige tant attendue s’est enfin mise à tomber quelques semaines plus tard dans ce secteur. Hélas, malgré plusieurs sorties sur le terrain, aucun individu n’a répondu présent ! J’ai en revanche eu plus de chance avec un autre animal, lui aussi friand de campagnols… Suite dans un prochain épisode 😉