Avec les renards des froids volcans

Profitant de la neige fraîchement tombée courant février 2023, je suis retourné dans des zones du Parc des Volcans d’Auvergne où j’avais déjà eu la joie de voir gambader dans les prairies, vertes, plusieurs hermines vêtues de leurs robes blanches. Hélas, j’ai eu beau chercher, je n’en ai vu aucune cette fois, malgré la présence de plusieurs traces.

En revanche, que de renards roux observés chassant des campagnols dans les prairies blanches… et en plein jour s’il vous plait !

Cet animal, rendu si discret et nocturne dans les régions où il subit chasse et piégeage, semble avoir trouvé dans ce coin d’Auvergne une quiétude toute bienvenue, et cela fait vraiment plaisir à voir.

N’allez pas croire, pour autant, qu’il soit indifférent à la présence humaine : à l’approche de n’importe quel bipède, goupil déguerpit sur le feu en mode « sauve qui peut ! », preuve que le traumatisme de la chasse reste très fortement ancré dans les gênes du petit canidé, dans un pays qui autorise, rappelons-le, son massacre 12 mois 12 dans plus de 90 départements…

En France, selon l’Association pour la protection des animaux sauvages (ASPAS), plus de 600 000 renards sont tués chaque année, une totale hérésie quand on sait à quel point il joue un rôle d’auxiliaire important pour l’agriculture et l’équilibre des écosystèmes !

Dans un tel contexte, vous comprendrez donc aisément en quoi, pour tout amoureux d’une nature vivante, l’observation d’un renard en plein jour est une source de grande joie. Et dans la neige, une joie féérique !

Mais ce qui est incroyable, dans ce territoire de paysages façonnés par l’élevage extensif et où les forêts sont rares, c’est de voir non pas un, ni 2, mais 5, 6, 8 renards différents même, en l’espace de quelques kilomètres seulement !

Allez l’expliquer aux chasseurs, aucun risque de « surpopulation » ici, le renard étant une espèce territoriale dont les effectifs s’autorégulent selon la quantité de nourriture disponible. Et de la nourriture, ici il y en a pour tout le monde !

Dans la presse quotidienne régionale, on lit chaque année quantité d’articles d’éleveurs se plaignant de dégâts liés à la pullulation de campagnols (ou rats-taupiers) dans les prairies qu’ils exploitent. Or ces rongeurs ont quantité de prédateurs, il suffirait juste de cesser de les persécuter… Les rapaces, eux, sont heureusement protégés (faucons, buses, milans, hiboux…), mais il en va tout autrement des mammifères carnivores : belettes, martres, fouines, putois, hermines, blaireaux… et renards donc. Tous ces animaux sont classés « nuisibles » et/ou chassables en France !!

Mais revenons à nos renards tranquilles dans l’hiver auvergnat : il en est un, tout particulièrement, que j’ai pris beaucoup de joie à observer, depuis mon petit affût de fortune au coin d’un pré.
Ce matin-là, il soufflait un vent glacial…

Je suis bien protégé, avec mon manteau de ski et mes trois paires de gants, et le renard aussi, avec son épaisse fourrure d’hiver et sa grosse queue touffue… On pourrait en douter, vus ses grimaces quand il se prend les bourrasques en pleine face !

Dans cette prairie, celle-là même où il y a deux mois je photographiais une hermine, le renard fera plusieurs aller-retours en l’espace de quelques minutes, à la recherche d’une proie. Sans le savoir, il m’offre donc plusieurs belles occasions de le photographier en toute sérénité (je suis à bon vent, il ne me sent pas et ne me voit pas !). Ma plus belle prise sera celle-ici :

Permettez-moi de terminer cette petite histoire par un autre animal, à plumes celui-là, observé de manière tout à fait fortuite pendant que je cherchais hermines et renards : la pie-grièche grise ! C’est un oiseau assez farouche et vraiment peu commun en France, mais qui jouit d’une belle petite densité ici dans les volcans d’Auvergne.

C’est le plus gros de la famille des pie-grièches : environ 25 centimètres ! Ces oiseaux se comportent comme de véritables petits rapaces, d’ailleurs de part sa taille imposante la grise est tout à fait apte à attraper des petits rongeurs, et c’est clairement ce qui explique sa présence ici.

L’individu ci-dessus, je l’ai photographié de très loin lors d’une balade à pied dans la neige, mais le lendemain j’ai eu encore plus de chance lorsque, au volant de ma voiture, j’ai vu un autre oiseau posté sur un piquet de clôture au bord de la route. Au moment où je ralentis pour me ranger sur le bas-côté, l’oiseau plonge sur une proie dans le champ.

Il rate son coup. puis se pose sur une motte de terre enneigée près du sol, ce qui m’offre une belle opportunité de le photographier tranquillement sans sortir de la voiture !

Et voilà comment, venu chercher les hermines, je repars avec une collection de photos de renards et quelques clichés d’un rare pie-grièche !

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