Les chevrillards lèvent le lièvre

Par une (très) chaude soirée de juillet dans une Drôme durement touchée par la sécheresse, je sors dans « ma » petite vallée relever ma caméra-piège installée aux abords du petit ruisseau qui a la chance de couler encore un peu.

Il est 19h, et il vient de tomber 3 gouttes suite au passage d’un pseudo-orage des plus taquins. Vue la lourdeur de l’atmosphère, je ne suis que légèrement vêtu, en short noir et t-shirt bleu azur, sans aucune intention de faire des photos même si, évidemment, l’appareil photo est dans le sac à dos au cas où… De toutes manières, vu ma dégaine de touriste et ma peau blanche de « british » je ne vais pas vraiment passer inaperçu ! Et pourtant…

Je marche tranquillement sur le chemin blanc quand j’aperçois à grande surprise, à ma droite, un chevreuil s’enfoncer dans une prairie de luzerne. A 19h, je ne pensais vraiment pas croiser d’animaux ! Je sors l’appareil photo et je continue à avancer, en évitant de marcher sur les zones caillouteuses pour ne pas me faire repérer.

Je ne suis dehors que depuis 5 minutes à peine, et j’ai la peau déjà toute transpirante : les taons ne s’y trompent pas, et tentent de me piquer ! Pour m’en protéger, je coupe la première petite branche d’arbre venue et m’en sers comme fouet. Mais plus je fouette, plus je dépense de l’énergie et plus je transpire ! C’est alors que j’aperçois un autre chevreuil, en plein repas dans la prairie.

Je ne sais pas comment elle ne m’a pas repéré avec toutes mes gesticulations… Comme je suis à découvert, je m’accroupis immédiatement et sans réfléchir je me cache le visage avec mon fouet à taons, pour avancer masqué ! Je vous laisse imaginer la scène, en tout cas la stratégie est plutôt efficace. Après avoir grignoté quelques mètres de terrain, je me rends compte que la chevrette n’est pas seule : il y a un petit chevrillard là, juste devant moi, dissimulé dans la luzerne !

Comme il est petit, j’ai bien du mal à voir sa tête pour le photographier, mais après plusieurs tentatives j’obtiens quelques résultats plutôt sympathiques. C’est alors que je me rends compte qu’il n’y en a pas qu’un… mais deux ! Et le deuxième est encore plus proche…

Je me traine délicatement encore un petit peu sur le chemin grâce à ma superbe branche, jusqu’à me tenir à 15 mètres à peine de ces petits bouts de poils tachetés. C’est alors qu’ils ont la curieuse idée de quitter la prairie pour s’aventurer sur le chemin, juste devant moi ! Ils sont maintenant tellement proches que j’ai toutes les peines du monde à les mettre dans le cadre et faire la mise au point.

Leur mère ne met pas longtemps à sortir elle aussi de la prairie pour les rejoindre, et j’essaie tant bien que mal de tenir ma position immobile et silencieuse pour ne pas déranger cette petite famille si paisible.

Mais en bonne mère, la chevrette est aux aguets : ses yeux énormes finissent par se poser sur la masse étrange que je suis, et après 3 secondes de réflexion elle juge plus préférable de quitter la scène, ses deux rejetons courant derrière elle pour la rattraper.

A peine ai-je le temps de me remettre de ces émotions qu’un autre animal décida de sortir des fourrés, là où les chevreuils se sont envolés : un lièvre ! Il court dans ma direction…

A-t-il eu peur des chevreuils ou simple coïncidence ? Il s’arrête, réfléchit, puis décide à son tour de visiter la prairie de luzerne. C’est alors qu’un autre chevreuil sort de la prairie pour traverser le chemin – un brocard ! Peut-être celui du début, qui ne m’avait pas vu. C’est la période du rut, et il semble suivre l’odeur de la chevrette.

Une fois disparu dans le bois, je décide de me lever et de continuer mon chemin. Quelques mètres plus loin, je revois le lièvre. Je ne peux pas me cacher cette fois. Au lieu de fuir, il reste planté-là, à une vingtaine de mètres de moi. C’est ce qu’ils font, lorsqu’ils sentent le danger : ils baissent les oreilles et s’immobilisent pour « faire le mort ». Celui-ci n’échappe pas à la règle, et j’en profite donc pour lui tirer le portrait, sans trop m’attarder !

Et voilà comment une simple petite sortie sans prétention finit en nouvelle aventure photographique sur ce site ! Et l’histoire n’est pas tout à fait finie, puisque je ne vous ai pas révélé quels animaux ont été filmés par ma caméra posée près du ruisseau… Je les dévoilerai bientôt sur ma page Facebook !

Les émotions ça se partage !

Laisser un commentaire